Club Comelles

Politique et responsabilité, thème de la rencontre avec Bruno Le Maire

Publié le 30 août 2016

 

Déjeuner Club Comelles - Poilitique et responsabilité avec Bruno Le Maire

 

 

Afin d’enrichir leur réflexion de l’année sur le sujet de la « Responsabilité » les membres du Club Comelles ont souhaité recevoir une personnalité politique « présidentiable ».
Bruno Le Maire a immédiatement accepté l’invitation à échanger avec les professionnelles des métiers de la Communication. Il s’est prêté au jeu sans demander de validation préalable sur les questions qui allaient lui être posées. C’est donc en toute spontanéité qu’il s’est laissé interviewer par Isabelle Duvernay, Directrice communication et Engagement chez Axa, puis qu’il a répondu aux questions des autres membres du Club. Retour sur ces échanges.

 

Le 20 juin, le Club Comelles recevait donc Bruno Le Maire, député LR de l’Eure et candidat aux primaires LR pour l’élection présidentielle 2017. Une équipe du Supplément de Canal + , présente lors de ce déjeuner, a diffusé des images de la rencontre à retrouver ici  (à partir 5’47).
Invité à s’exprimer sur le thème de l’année du Club, la responsabilité, Bruno Le Maire donne immédiatement le ton de l’échange en définissant son point de vue sur ce que devrait être un politique responsable : « Un politique responsable est un politique qui rend des comptes et se fixe comme seul objectif de tenir sa parole ».

Mais, avant de poursuivre sur la notion de responsabilité, Bruno Le Maire est interrogé sur son parcours politique. Ancien élève de l’ENA, il a été directeur du cabinet du Premier ministre Dominique de Villepin avant d’être nommé Secrétaire d’Etat aux Affaires européennes puis Ministre de l’Agriculture. Entretemps, en 2007, il se présente aux élections législatives et devient député de l’Eure. Lorsqu’on lui demande pourquoi cette décision « de se frotter au terrain », il confie : « Le cœur de mon engagement, c’était de dire  : Je ne vais plus défendre les convictions des autres, comme on le fait dans un cabinet ministériel, mais je vais mettre mes convictions sur la table « .
A la question posée sur ses motivations à se présenter aux élections présidentielles il répond « On est candidat à la présidence de la république quand, au plus profond de soi-même on se dit qu’on peut apporter le meilleur à son pays et qu’on peut lui permettre de passer à autre chose « . Il ajoute : « La part de responsabilité dans l’état actuel de la France est collective, ce qu’on a fait depuis 40 ans n’a pas marché. Il faut développer une nouvelle offre politique, avec des propositions du XXIème siècle ».

 

Politique et responsabilité, thème du déjeuner du Club Comelles avec Bruno le Miare

Qu’est-ce qu’un politique responsable ?

« Un politique responsable est un politique qui refuse de dire des choses qui pourraient plaire aux gens et qu’il ne fera [finalement] pas s’il arrive au pouvoir ».

C’est ainsi que Bruno Le Maire répond à l’intervieweuse qui revient sur le thème du déjeuner. Il précise « C’est de ne pas revenir sur sa parole pour faire plaisir aux uns et aux autres ».  C’est, en tous les cas, ce qu’il déclare faire depuis longtemps : « Quand j’étais ministre de l’agriculture, je n’ai jamais menti aux agriculteurs. Si j’ai gagné la confiance des agriculteurs ce n’est pas parce que j’ai tout réussi mais parce que je ne leur ai jamais menti. Tout ce que j’avais promis de faire, je l’ai fait à la virgule près ».

Mais les français croient-ils encore à ce discours des politiques ? Chaque élection a son lot de promesses non tenues. Bruno Le Maire le sait et il s’engage : « Être un politique responsable, c’est aussi mettre en place des dispositifs qui permettent de rendre des comptes. C’est pourquoi je vais publier un contrat de mandat pour les cinq années de la prochaine législature. Ce contrat précisera les mesures qui seront adoptées, la forme législative qu’elles prendront, le calendrier et le responsable de la mise en œuvre « . Il propose également la mise en place d’un service de responsabilité, destiné à suivre l’application concrète des promesses politiques,  » comme cela se pratique à Downing Street « . Cette mesure permettrait de ne pas tomber sur l’écueil de l’hyper-actualité :  « Lorsque vous arrivez au pouvoir vous êtes immédiatement emporté il faut prévoir une équipe qui vous met l’épée dans les reins tous les jours »  souligne-t-il.
« Ne pas oublier, dès le lendemain des élections, le programme proposé aux français, c’est ce qu’attendent les français aujourd’hui » précise-t-il enfin.

« La deuxième responsabilité politique, c’est d’éviter d’employer des mots qui stigmatisent, faire attention aux mots qu’on emploie ».

Bruno Le Maire insiste : « Dire la même chose avec mots qui sont justes plutôt qu’avec des mots qui blessent « . Il s’appuie sur l’utilisation du mot « assistanat » pour illustrer ses propos. Si certaines aides sociales sont mal calibrées et incitent des gens à ne pas retrouver du travail d’autres se battent pour s’en sortir. Comment parler d’assistanat au sujet des jeunes qui, au sein de l’Outre-mer français, s’investissent dans le Service Militaire Adapté (SMA) pour apprendre une qualification avec une indemnisation de 340€ par mois ?

L’exemplarité, troisième responsabilité politique.

En 2012 Bruno Le Maire a posé un acte fondateur en démissionnant de la Fonction publique : finis les revenus versés par l’autorité de tutelle, finie la progression de carrière et les cotisations au régime des pensions des fonctionnaires pendant les mandats électifs, finie la garantie de retrouver un poste à l’issue de son mandat. En prenant cette position il s’érige contre « cette logique de caste » qui coupe les politiques de la réalité. Il présente aujourd’hui sa proposition : « Un énarque qui veut faire de la politique doit démissionner de la fonction publique. Il faut mettre fin au cumul des mandats, limiter les mandats dans le temps. Je suis le seul à le proposer« .

En ce faisant il rend le système égalitaire entre fonctionnaires et non-fonctionnaires. Il ouvre également le pouvoir à un plus grand nombre de citoyens, favorisant ainsi l’élection des nouvelles générations et des français peu ou mal représentés, comme les femmes.

"Politique et responsabilité" thème du déjeuner du Club Comelles avec Bruno Le Maire

 

La politique et le monde de l’entreprise

A celles qui l’interrogent ensuite sur sa modeste connaissance du monde de l’entreprise, Bruno Le Maire rappelle les milliers de chefs d’entreprises, d’artisans, de commerçants et de patrons du CAC 40 qu’il a rencontrés au cours de centaines de déplacements et son souci permanent d’offrir des conditions favorables à l’installation durable de jeunes startups dans notre pays. Il cite également sa modeste expérience « Je ne suis pas chef d’entreprise moi-même même si j’ai créé une équipe avec cinq salariés à temps plein pour ma campagne et que, de ce fait, j’ai fait tourner une petite boite ».

Déjà au cours de ce déjeuner quelques similitudes ont déjà émergé entre le politique et les entreprises : la notion de responsabilité, bien entendu, mais aussi les promesses/le contrat de mandat/le service de responsabilité/l’exemplarité des politiques versus le plan stratégique/les objectifs/les KPIs/ l’exemplarité du management au sein des entreprises. La dernière partie des échanges se poursuit sur des thématiques communes à ces deux environnements.

La transformation… et ses enjeux

«  Pour moi, en 2017, c’est la vraie question : est-ce qu’on continue comme avant ou est-ce qu’on passe à autre chose ? Si je suis élu cela montrera aux français que nous sommes capables de nous réinventer ».

« Ce n’est pas le plus ancien et le plus gradé qui est légitime. Les français ne sont pas obligés de reprendre ceux qui sont là depuis 40 ans… Et qui ont échoué ».

« Je pense que l’on ne peut pas garder le même système politique si l’on veut que les choses changent ».

 La parité

Interrogé sur la place des femmes en politique Bruno Le Maire avoue « Je vais être honnête, je suis très loin d’être exemplaire sur le sujet. Il me reste beaucoup à faire « . Et il précise, à l’instar de ce qui se passe dans l’entreprise : « C’est compliqué parce que les hommes se mettent systématiquement en avant. Ils connaissent bien le terrain. Comme vous êtes débordés, vous prenez ceux qui se présentent. Et comme les hommes se mettent toujours en avant, vous les choisissez. Je ne crois pas du tout à l’évolution naturelle, la parité, c’est un état d’esprit. Il faut allez chercher les femmes ».  

Il est toutefois convaincu que le renforcement de la place des femmes dans l’espace public passera par un renouvellement global de la classe politique. A ce titre, il dénonce les reconductions systématiques de candidats sortants aux prochaines élections législatives et les investitures pilotées depuis Paris, plutôt que par les militants, depuis les circonscriptions départementales. Il souhaite aussi que les démarches responsables de départ volontaire des élus sortants soient encouragées, quitte à mettre fin aux vieilles baronnies politiques.

Et la communication ?

« Ma stratégie politique, c’est la sincérité. Ce qui est artificiel ne marche plus. Il faut être soi-même avec ses forces, ses faiblesses, sa sensibilité « .
Présent sur les réseaux sociaux le candidat préfère Facebook à Twitter « parce qu’il permet de faire passer plus facilement des messages » et il précise « je twitte moi-même et quand je ne la fais pas, je valide toujours parce qu’un mot de travers, cela se paie cher « .
Mais « rien en remplace la campagne de terrain. Le contact humain est irremplaçable J’adore les déplacements. Un candidat qui fait d’abord de la communication et qui oublie les gens a tout faux. C’est d’abord les gens et la Com après », conclut-il

Article rédigé par
Nicole Tortello Duban, présidente Alevia 360 et 
Catherine Bonneville-Morawski, fondatrice du Club Comelles

 

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